Glen Affric , de Karine Giebel | Editions Plon

Thriller 

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Polar Glen Affric , karine Giebel , Ed Plon ,  768p.,   21,90 €

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Quatrième de couverture :

— Des fois, tu sais… Des fois j’ai envie de mourir, murmure soudain Léonard.

— À cause de ce qui arrive à Mona ?

— Oui, à cause de ça. Et aussi parce que je suis un débile et que tout le monde se moque de moi…

— Tu n’es pas débile et de toute façon tu ne peux pas mourir.

— Et pourquoi ?

— Parce que tu n’as pas vu Glen Affric. On ne peut pas mourir sans avoir vu Glen Affric…

Je suis un idiot, un imbécile, un crétin. Je n’ai pas de cervelle.

Léonard se répète ce refrain chaque jour et chaque nuit, une suite de mots cruels qu’il entend dans la cour, dans la rue. Son quotidien.

Léo le triso. Léonard le bâtard.

Léonard n’est pas comme les autres et il a compris que le monde n’aime pas ceux qui sont différents.

Alors il rêve parfois de disparaître.

Être ailleurs. Loin d’ici.

À Glen Affric.

Mais les rêves de certains sont voués à finir en cauchemars…

Un polar magistral 

En tant que lectrice avide de thrillers psychologiques, je recherche toujours des livres de ce genre pour me stimuler. La popularité de Glen Affric, le nouveau roman par Karine Giebel aux éditions Plon a naturellement attiré mon attention. Pour une première lecture de l’auteure, je peux déjà confirmer que ce livre est incomparable dans le domaine de la littérature noire. L’année 2022 commence merveilleusement bien pour moi avec ce coup de cœur.

Être différent des autres, c’est parfois se noyer dans l’abîme de la douleur, partagée de pensées chaotiques, d’une existence solitaire et d’un vide intérieur. C’est le cas de Léonard, un adolescent de 16 ans qui endure la souffrance en silence au lieu de prendre conscience de la beauté de son âme. La différence de ce garçon lui apporte toute sorte de troubles, principalement des difficultés sur ces capacités intellectuelles. Sa déficience se manifeste par un retard sur le langage, la lecture et la compréhension. Une situation qui affecte son estime de soi et ses relations interpersonnelles. Malgré une stature imposante et une force physique inhérente, Léonard s’efforce toujours de gagner le respect des autres. Il est fréquemment harcelé, surtout à l’école. Le soutien de sa mère adoptive Mona et de ses rares camarades, Victoria, Hadrien et Sacha lui donnent un équilibre évident. Cependant, Léonard a du mal à faire apparaître ses sentiments et la honte se répand souvent dans son cœur d’enfant. Ces journées s’alternent par son éducation scolaire qui l’horripile, les balades en forêt qui lui procurent des moments de tranquillité, et les petits boulots qui lui permettent d’obtenir une certaine reconnaissance, même s’il lui est difficile de réaliser ses compétences. D’ailleurs, sa seule issue est une vieille carte postale envoyée à Mona par son fils Jorge, depuis des années. Ce doux rêveur espère un jour se rendre à Glen Affric pour rencontrer ce frère inconnu qui tarde à rentrer au bercail.

Ailleurs, l’inculpé Mathieu est pris dans un violent conflit interne. Il lui est difficile d’accepter sa condamnation pour des crimes qu’il n’a pas commis. Il est manifestement très troublé d’être accusé de viol et de meurtre, notamment parce que les victimes avaient une relation étroite avec lui. Il ne pouvait pas tuer Sarah, la femme qu’il aimait, ni son meilleur ami. Bien que les preuves judiciaires confirment son incrimination, il prétend être innocent depuis de nombreuses années, 16 ans plus précisément. En même temps, il subit les pires atrocités de l’univers carcéral. Mathieu est constamment attaqué par d’autres détenus, réputés pour leur cruauté. En prison, les relations amicales sont rares. L’existence de Cisco reste son seul support pour survivre dans cet environnement impitoyable.

Au loin, depuis la mort subite de ses parents, Angélique est gardée par son oncle, un homme terrible. Elle présente certains troubles, notamment le mutisme, qui est peut-être dû à un choc psychologique.

Elle souffre chaque jour de violences sexuelles et physiques et ne peut se tourner vers aucune assistance. Ses seuls compagnons sont des animaux, des chats ou des chiens errants. Ils lui apportent une brève période de paix avant que son oncle ne devienne obsédé par un acte ignoble de cruauté envers eux. Cette jeune femme à l’air doux a du mal à trouver une solution à sa séquestration.

Malgré leurs différences, Léonard, Jorge et Angélique ont quelque chose en commun. Leur réalité actuelle entrave leurs espoirs d’un avenir meilleur. Ils sont constamment déchirés par la peur, l’incertitude et le jugement des autres. Les aléas de la vie épuisent leurs convictions personnelles. Il est difficile de rester honorable face à autant d’injustices.

À force de subir un harcèlement chaque jour par des racketteurs, Léonard utilise la violence pour se défendre et maintenir une certaine dignité. Un comportement qui le mettra en prison le jour où Jorge obtiendra sa liberté conditionnelle.

Quel triste sort pour ces deux frères qui vont devoir confronter de nouvelles et pesantes épreuves, ainsi qu’une situation accablante pour Mona, leur mère . Ils vont devoir retarder leurs retrouvailles pour faire connaissance. Tandis qu’Angélique se retrouve à nouveau enceinte, terrifiée par les représailles de Maréchal, son oncle.

Karine Giebel nous immerge dans une véritable plongée révélant la noirceur humaine , dans une atmosphère tendue et hostile. La prison est un endroit clos et glacial, les détenus se défient constamment. L’auteure nous parle du monde carcéral et de sa médiocrité, en insistant sur la corruption qui en résulte. La conspiration entre gangs mène à des bastonnades et même à des crimes. Nous découvrons l’enfer de la détention et l’inhumanité envers des personnes comme Léonard. C’est un garçon sensible qui cherche constamment la protection et l’amour des autres. Cet endroit troublera ses convictions et son âme d’enfant. Il va perdre tout sens dans cette jungle qui chasse les humains comme un gibier.

De plus, l’écrivaine traite avec justesse le harcèlement tout en intégrant certaines valeurs essentielles qui sont aujourd'hui en train de disparaître. Elle expose clairement les souffrances auxquelles sont confrontés les personnages face aux jugements des autres, une société hostile . Jorge, Léonard, et Mona vont devoir supporter de sévères critiques sur leur passé. Cette situation va empoisonner leur existence et détruire leurs croyances. Elle nous fait prendre conscience des dangers de ce manque d’indulgence. Des individus comme Léonard et Jorge devront endurer toute sorte d’humiliations parce qu’ils sont différents ou ont été emprisonnés. Malgré leurs écarts, j’ai trouvé qu’il y a un amour inconditionnel entre eux, essentiel pour panser les blessures de l’âme. C’est leur force.

Karine Giebel signe un roman magistral, percutant, addictif, et terriblement émouvant. Elle m’a offert des moments de bonheur purs et intenses, une belle évasion partagée de rêves avec des personnages authentiques.

En raison de la qualité de l'écriture efficace et envoûtante , les chapitres sont fluides. Le rythme est puissant. L’auteure ne nous laisse aucun temps de répit. J’ai lu ce pavé de 762 pages en seulement 2 jours et j’ai quitté Léonard et Jorge avec regret. Un livre à ne pas manquer.

Comments

[PHILIPPE D]

Je le lirai un jour car j'adore cette auteure, mais il pèse combien ce livre?

J'en ai encore d'elle dans ma PAL et il faut que je les lise avant d'en acheter d'autres.

J'en ai un aussi énorme d'ailleurs. Je me suis promis de le lire cette année.